H@R! : Patrimoine en Péril



CANADA


Text in English

Contexte politique :

La préservation, la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel au Canada relèvent de trois instances politiques.

  1. Gouvernement fédéral :
  2. Le gouvernement fédéral s’est donné des outils concernant la gestion du patrimoine culturel national. La création, il y a des décennies, de la Commission des monuments et lieux historiques du Canada désigne les lieux et monuments qui ont des valeurs patrimoniales significatives nationales pour approbation ministérielle. Cependant aucune mesure ferme de protection est associée au processus de désignation.

    Le Canada a adhéré à la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, en 1976 et la Convention de la Haye en 1999.

    En 1982, le gouvernement fédéral adopte une politique ‘ Politique sur les Édifices fédéraux du patrimoine’ portant sur tous ses édifices fédéraux ayant 40 ans et plus afin d’évaluer leurs valeurs patrimoniales potentielles et assurer la protection du caractère patrimonial des édifices fédéraux désignés. Suit la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale.

    En 1990, Parcs Canada du ministère du Patrimoine canadien ré-évalue sa politique sur les lieux historiques nationaux, les gares patrimoniales, les canaux historiques, réserves archéologiques sous-marines, édifices fédéraux du patrimoine, etc., et introduit une politique sur la gestion de ses ressources culturelles. Le concept de l’intégrité commémorative du lieu historique et ses ressources culturelles est mis de l’avant pour minimiser toutes menaces à l’intégrité de leurs valeurs patrimoniales. Parcs Canada a développé plusieurs outils, comme le système de gestion des ressources, pour évaluer le risque pouvant affecter les ressources culturelles ainsi que leur condition physique.

    Cependant, la majorité des sites historiques nationaux appartient au secteur privé. Un programme d’aide (Frais à coûts partagés) est mis au service des propriétaires de lieu historique national par le gouvernement fédéral comme mesure incitative à la protection du lieu et de ses ressources culturelles.

     

  3. Gouvernements provinciaux  et municipaux :

Pratiquement tous les gouvernements provinciaux ont des législations ou des lois sur les biens culturels pour protéger le patrimoine. ( Voir : Site web sur le comité de la legislation d’ICOMOS Canada : www.icomos.org/canada et choisir Comités, puis Droit, Finance et Organisations).

Les gouvernements provinciaux et municipaux sont responsables de leur patrimoine culturel. Ils ont l’autorité non seulement d’adopter des règlements pour la sauvegarde de leur patrimoine, mais aussi sur les modifications, mise en valeurs, l’utilisation, l’entretien, etc., et incluant parfois des mesures d’encouragement à leur protection.

Patrimoine culturel au Canada

Comme tous les pays du monde, un nombres impressionnants de type de bâtiments et de structures diverses témoignent les valeurs culturelles de la société ont façonné une partie de l’identité culturel canadienne.

Certains types de bâtiments et structures semblent être oubliés dans la mise en œuvre du processus de conservation du patrimoine. Ils sont :

  1. Les petits bâtiments, résidences historiques, et toutes autres structures d’intérêt patrimonial comme le patrimoine religieux dans les quartiers urbains et les villages sont continuellement menacés par les changements sociaux, et parfois exposés à des conditions environnementales qui menacent leur intégrité physique et valeurs patrimoniales. En tant que véritable gardien du patrimoine, les propriétaires et les citoyens ont des ressources limitées sinon inexistantes pour assurer une protection minimale de leur patrimoine culturel.
  2. Les silos (élévateurs) à grain des grandes prairies canadiennes sont des structures complexes ayant des valeurs patrimoniales et symboliques importantes. Les valeurs fonctionnelles témoignent le rôle qu’ils ont joué dans le développement économique du pays. Un abandon presque systématique de ces mastodontes accélère le processus de détérioration et un manque de ressources financières mettent en péril leur intégrité architecturale et structurale.
  3. Les sites industriels, témoignages des prouesses technologiques révolutionnaires et du progrès économique, maintiennent tant bien que mal leur intégrité architecturale et structurale. Des utilisations inappropriées ou démolition sont souvent la réponse au développement urbain à cause de leur grande capacité de ré-utilisation, réhabilitation, voire céder le terrain pour des fins plus lucratives.
  4. Des structures monumentales comme le Fort Prince of Wales, construit en 1749, à Churchill, Manitoba, le long de la Baie d’Hudson est maçonnerie imposante de style Vauban, offrant des problèmes de conservation de haut calibre et ce, dans un climat nordique. Le site historique national est sous la juridiction de Parcs Canada qui a mis en place une batterie de ressources pour maintenir son intégrité commémorative mais la sévérité des problèmes (risques physiques) atténuent progressivement les efforts.
  5. Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et municipaux sont juridiquement responsable de la condition physique de leurs propriétés, du maintien de leurs valeurs patrimoniales pour minimiser les impacts sur les valeurs sociales et économiques. . Le gouvernement fédéral a des mécanismes pour évaluer et identifier le risque potentiel à ses ressources culturelles. Pour diminuer le risques aux structures et bâtiments patrimoniaux, des mesures préventives sont souvent mises de l’avant par les autres paliers gouvernementaux.

 

 

Comprendre le risque

Peut-être aurait-il lieu de promouvoir des mesures préventives pour réduire les mesured’urgence.

Le risque sur le patrimoine architectural peut se définir en deux catégories:

les risques imprévisibles comme les désastres naturels, et les risque prévisibles comme la détérioration, le manque d’entretien à cause de budget limité, les conditions environnementales, la négligence etc,.

ICOMOS Canada s’est joint à un Comité interministériel regroupant une dizaine de ministères fédéraux, agences, et divers organismes non-gouvernementale (ONGs) pour organiser un 2ième sommet sur la préparation aux risques au Canada. Le but visait l’établissement d’une stratégie globale pour prévenir principalement les risques imprévisibles. Le projet soumis au Comité sur la préparation aux risques de l’UNESCO, a rejeté la demande de fonds. Le comité veut relancer le projet pour l’an 2001.

Sauf pour le gouvernement fédéral, aucun mécanisme pour le monitoring, les mesures préventives, les réparation d’urgence, les réparations et les travaux de restauration, est clairement définis au niveau provincial et municipal.


CONCLUSION:

1. Il est difficile d’identifier le patrimoine culturel à risque parce que les outils de gestion sont incomplets. Une compréhension des impacts négatifs potentiels devrait devenir la base pour établir des échelons ou des indices de niveau du risque.

2. Développer les outils ou mécanismes appropriés pour inventorier, évaluer et identifier les ressources culturelles vulnérables aux risques affectant les valeurs physiques et patrimoniales.

3. Promouvoir un partenariat (les trois niveaux de gouvernements, organismes, etc., dans l’établissement d’une approche commune et globale aux risques par l’organisation d’un 2ème sommet international sur la préparation aux risques au Canada.

 

Deux études de cas suivent ci-après.

(La version française du rappot ne contient pas toutes les études de cas qui se trouvent dans la version anglaise)

 

Étude de cas No 1 : Menaces à l’intégrité structurale du Fort Prince of Wales

Contexte historique : Situé aux abords de la Baie d’Hudson à Churchill, Manitoba, Canada, le fort Prince of Wales est un lieu historique national administré par Parcs Canada. La Compagnie de la Baie d’Hudson érigea une forteresse de 1731 à 1771, pour implanter sa présence et assurer le control du commerce des fourrures. La construction du fort est inspirée du système de fortifications à la Vauban. Malgré les quarante têtes de canon dans les embrasures du fort, une partie des escarpements et bastions furent sévèrement endommagés durant une attaque menée par le Général français LaPérousse en 1782.

Valeurs patrimoniales : Les valeurs patrimoniales résident principalement dans son architecture, l’utilisation de matériaux locaux, et la perfection de son exécution (Photo 1). La construction de la forteresse se caractérise par une maçonnerie de pierre de taille pour la surface extérieure du fort et utilisation de pierre tout venant (grosseur de pierre pouvant atteindre près de 2 mètres cubes) pour remplir l’intérieur des murs qui ont près de 12 mètres d’épaisseur. La pierre locale nommée le quartzite de Churchill, fut utilisée et liée originalement avec un mortier de chaux.

Comprendre les valeurs patrimoniales: Des travaux d’entretien, restauration et de reconstruction furent entrepris dans les années 1930, 40, et 50 pour ressusciter la forme originale de la forteresse et réparer les dommages causés par l’attaque de 1782. Depuis une dizaine d’années une batterie d’investigations, de monitoring et d’entretien, de tests d’ingénierie (géotechnique, statigraphie, stéréo-photogrammétrie, fibre-optique, etc.), et d’analyses de matériels, études de mortiers, ont conduit à déterminer le profile, les caractéristiques et le comportement de l’assemblage de la maçonnerie.

Menaces sur les valeurs patrimoniales : . Au-delà de ses 200 ans d’histoire, le temps et les facteurs environnementaux nordiques grugent ses caractéristiques au point qu’ils menacent son intégrité formelle et structurale. L’ampleur des menaces physiques, mécaniques, chimiques et biologiques sont imprévisibles comme l’infiltration d’eau; fonte de la neige; les cycles de gel et dégel associés au mouvement thermique; les pressions latérales associées à la dislocation des pierres, voire un écroulement.

Stratégie de conservation : Des actions stratégiques sont mises de l’avant pour enrayer un processus de détérioration ancré depuis des décennies. Elles peuvent se résumer ainsi : mesures d’urgence comme étayement; une continuation du monitoring pour déceler les mouvements de la maçonnerie; compléter les analyses des matériaux; développer des options de conservation et une grille d’analyse portant sur les impacts sur les valeurs patrimoniales; et choisir une option visant à minimiser toutes menaces et perdurer les valeurs patrimoniales du Fort Prince of Wales.

 

Étude de cas No 2 : Contrecarrer les menaces au site industriel Claybank.

Contexte historique : Située aux pieds des collines Dirt des grandes prairies canadiennes, au sud-ouest de la province de la Saskatchewan, la manufacture de briques réfractaires de Claybank est un lieu historique national appartenant à la Fondation patrimoniale de la Saskatchewan. Le complexe industriel pris forme de 1912 à 1937 et fût en opération jusqu’en 1989. La manufacture de Claybank était reconnue au niveau national et continental pour ces briques réfractaires et architecturales nommées ‘Ruff-Tex et T-P Moka’. La production quotidienne de briques passa de 20,000 à l’origine et à près de 100,000 dans les dernières années.

Valeurs patrimoniales : Comme tous les lieux historiques nationaux du pays, un énoncé d’intégrité commémorative est développé pour déterminer les raisons de son importance nationale selon les recommandations de la Commission des monuments et lieux historiques du Canada et suivit d’une approbation ministérielle. Les valeurs patrimoniales significatives résident dans la survivance des structures de bois et de briques (10 fourneaux, 5 cheminées, des tunnels pour assécher la brique, laboratoire, bâtiment de l’administration, entrepôt pour l’argile, entrepôt de livraison pour le train, etc.) garantissant l’authenticité du lieu et des matériaux.

Comprendre les valeurs patrimoniales : Depuis près d’une décennie, recherches archivistiques sur les techniques de construction des fourneaux, les tunnels d’assèchement, inventaires des ressources culturelles comme la machinerie, les relevés photogrammétriques, analyses des matériaux (brique et mortier), monitoring et une batterie de test d’ingénierie ont conduit à déterminer le profile, les caractéristiques et le comportement de l’assemblage de la maçonnerie. Plusieurs interventions, mesures d’urgences, programme d’entretien et de monitoring prirent place depuis 1989 afin de maintenir l’intégrité architecturale et structurale des bâtiments.

Menace sur les valeurs patrimoniales : Près de 90 ans de survivance, les conditions environnementales des prairies démontrent les impacts négatifs sur les valeurs matérielles comme une désintégration progressive du mortier et de la brique. Le monitoring permet d’évaluer les impacts sur les valeurs formelles comme le mouvement des fissures, le décèlement d’une lente dislocation de la brique, et de déterminer l’inclinaison des cheminées reliée aux variations des changements de leur centre de gravité causé par les pressions géotechniques du sol et le vent.

Stratégie de conservation et de présentation et contrecarrer les menaces :

La Fondation patrimoniale de la Saskatchewan négocia une Entente à frais partagés en 1998, par le biais d’un programme national du Gouvernement du Canada pour les propriétaires de lieux historiques nationaux. L’une des conditions clé de cette entente, est la production d’un rapport pour la conservation et la présentation du site. Le rapport définit les objectifs de conservation et un programme de conservation avec l’ultime but d’une revivification de l’esprit du lieu. Ces moyens financiers garantissent la mise en place de mesures concrètes et stratégiques pour contrecarrer les menaces à l’intégrité architecturale et structurale d’un site industriel unique au Canada.


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